
Voici l’état de la négociation entre l’Alliance syndicale et les employeurs de la construction.
Entente de principe — génie civil et voirie
Le 20 juillet dernier, une entente est intervenue concernant les clauses générales et salariales dans le secteur du génie civil et de la voirie. Les demandes particulières par métier et par occupation ont pour leur part fait l’objet de négociations et une entente de principe est aussi intervenue en date du 21 septembre.
Négociation dans les autres secteurs
Pendant ce temps, les négociations continuent de façon laborieuse dans les secteurs industriel et institutionnel‐commercial (IC‐I) ainsi que dans le secteur résidentiel, le tout dans le cadre du processus imposé par la loi spéciale (projet de loi 142).
Secteurs de l’IC-I
Après de nombreuses séances de négociation à la table de l’institutionnel-commercial et industriel (IC‐I), on ne peut que constater l’impasse. Les employeurs continuent à vouloir nous obliger, entre autres :
- - À reprendre de façon obligatoire, en cas d’intempéries, le travail le samedi et ce, à taux simple ;
- - À accepter la pleine flexibilité des horaires de travail qui vous fera travailler plus d’heures par jour ;
- - À commencer encore plus tôt ou à finir plus tard la journée de travail sans avoir un mot à dire ;
- - À accepter que les 5 premières heures supplémentaires hebdomadaires soient majorées au taux de salaire de 50 % (temps et demi) et qu’à compter de la 6e heure supplémentaire hebdomadaire, que les heures soient majorées à 100 % (temps double).
De telles demandes représentent non seulement un danger sur le plan de la vie de famille, mais également pour la santé et sécurité des travailleuses et travailleurs : des journées de 10 heures sans compter le temps de déplacement à l’aller et au retour et les heures supplémentaires, c’est éprouvant et ça implique des risques pour tout le monde sur les chantiers. Quand on sait que la construction est l’un des secteurs qui connaît le plus de décès au travail, de telles demandes patronales sont tout simplement inacceptables.
Les employeurs refusent par ailleurs d’entendre les demandes syndicales tout à fait raisonnables qui permettraient aux travailleuses et travailleurs de s’enrichir en maintenant les salaires au‐dessus de l’indice des prix à la consommation (communément appelé le taux d’inflation). Ils balaient également du revers de la main le droit de rappel au travail, qui existe pourtant dans le secteur résidentiel.
Secteur résidentiel
Pour ce qui est du secteur résidentiel, il y a eu certaines avancées en négociation avant la grève, mais depuis ce temps, rien n’a bougé. Or, il reste encore tout le volet salarial à négocier sans compter que les demandes des clauses particulières des métiers n’ont pas encore été abordées.
Effets de la loi
Rappelons que la loi spéciale a mis abruptement fin à la grève déclenchée le 24 mai dernier et donne aux différents secteurs de la construction jusqu’au 30 octobre pour en arriver à une entente. Sans entente conclue à cette date, un arbitrage sera imposé par la ministre du Travail pour trancher les éléments en litige.
Dans les prochaines semaines :
- Vous serez invités à vous prononcer sur les ententes lors d’assemblées générales.
- Surveillez les informations qui proviendront de votre syndicat, la CSD Construction.
Pourquoi ne pas régler tous les secteurs en même temps ?
Les termes de la loi ont créé une nouvelle dynamique de négociation qui place des pouvoirs sans précédent entre les mains de la ministre du Travail. En effet, celle‐ci pourrait avoir le dernier mot sur les changements qui seront apportés à nos conventions collectives en décidant des sujets qui seraient soumis à un arbitrage. C’est du jamais vu ! En réglant un secteur avant les autres, l’Alliance syndicale s’est assurée de tracer des balises qui pourront nous servir dans l’éventualité où nous ne réussirions pas à nous entendre avec une autre association patronale.
Employeurs et gouvernement avantagés
Rappelons aussi que la nature même du processus imposé par la loi spéciale avantage les employeurs en retirant le droit de grève aux travailleuses et travailleurs et en rendant la mobilisation impossible. Il faut également mentionner que le contenu de la loi n’incite pas les patrons à négocier pour en arriver à une entente, mais plutôt à attendre la fin du délai pour réaliser des gains en arbitrage, sans avoir à faire de concessions. De plus, en tant que principal donneur d’ouvrage au Québec, le gouvernement n’a-t-il pas un intérêt particulier à s’entendre avec les patrons assis à la table pour négocier à rabais les conventions collectives des secteurs ? Poser la question c’est y répondre.
Contestation en Cour supérieure
La loi spéciale porte atteinte à la liberté d’association protégée par les chartes québécoise et canadienne des droits et libertés en retirant le droit de grève, pourtant reconnu par la Cour suprême du Canada depuis 2015. Elle contrevient aussi à la liberté d’expression et détruit le rapport de force en nous privant du seul moyen légal dont nous disposons pour exprimer notre mécontentement face aux demandes des patrons.
Dans cette optique, les cinq organisations syndicales qui représentent l’ensemble des travailleuses et travailleurs de la construction au Québec ont déposé, à la fin du mois de mai dernier, devant la Cour supérieure du Québec, un recours contre la loi spéciale qui a forcé le retour au travail.
Nous vous tiendrons informés des développements à ce sujet.
Augmentations de salaire
Examinez votre relevé de paie et assurez‐vous que votre augmentation de salaire de 1,8 % a bel et bien été appliquée à compter du 31 mai dernier. Pour toute question, n’hésitez pas à contacter votre conseiller syndical.